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  • Victor

Canon T90 et Canon new FD 85mm f/1.2 L : plus-que-parfait.



Le Canon T90 est sans doute le boîtier argentique le plus abouti de Canon à monture FD, proposant des objectifs manuels. Pour cet article, nous avons vissé sur l'appareil une optique Canon FD 85mm f1.2 L, reconnaissable à son liseré rouge et son grand œil noir !


Apparu sur les étals en 1986, le Canon T90 était destiné aux amateurs fortunés, aux experts et prisé, in fine, par les professionnels de la profession. Il n'était pas rare de voir entre les mains de reporters ou de photographes de mariage cet appareil designé par Luigi Colani, ce dernier étant un ressortissant allemand contrairement à ce que la consonance transalpine de son nom pourrait nous laisser imaginer. Renseignez-vous sur le bonhomme, il a laissé une trace assez profonde dans le milieu du design. Et pour cause.


Le tout nouveau design du T90, donc, s'accompagne de spécifications tout aussi nouvelles et font de cette machine un appareil que je qualifierais d'ultime. Je rappelle qu'il est sorti au moment où Silvio Berlusconi promettait une télé beaujolais lors du lancement de La Cinq, où Coluche et Balavoine ont eu la mauvaise idée de disparaître tragiquement et au moment où, aspiré plus qu'inspiré, Maradona réussit dans le même match à inscrire le plus beau but de l'histoire du football ainsi que la plus belle arnaque de l'histoire de ce sport, comprenez, après sa chevauchée fantastique et son but à ras de terre, la méticuleuse la main de Dieu.


Bref, à ce moment-là, Canon sort son T90, lequel arbore fièrement quelques caractéristiques qui, encore aujourd'hui, font la blague. Dédié au 35 mm, tous les modes d'exposition sont présents : Tv, Av, Programme, multiprogramme et manuel entre autres. Validé de ce côté ! Son moteur intégré, fonctionnant avec quatre piles AA, permet un mode rafale jusqu'à 4,5 images par seconde. L'avancement du film est électrique. Son obturateur focal est à rideaux métalliques en duralumin. La vitesse quant à elle s'échelonne jusqu'au 1/4000e de seconde. On est bien, Tintin.


Bien que la sensibilité des films soit reconnue grâce au système de codage DX, il est possible de régler soi-même la sensibilité en ISO, idéal pour les amateurs de films poussés ou retenus desquels je fais partie. Enfin, pour les plus fous d'entre nous, cet appareil flanqué de son flash Speedlite 300 permet, en mode A-TTL, des vitesses de synchronisation allant du 1/60e au 1/250e de seconde. De quoi vous faire plaisir si vous aimez le fill-in et/ou le flash sans prise de tête et/ou sculpter votre lumière. La promesse produit – je vous avoue que je ne suis pas le plus grand utilisateur de flash, lui préférant les lumières continues - est de proposer avec ce combo A-TTL / Speedlite un éclairage le plus naturel possible. Vous en aviez rêvé ? Si vous avez testé, pensez à nous dire si Canon l'a fait.


Que dire de la prise en mains ? Assez lourde (Quelques 900 grammes avec ses quatre piles), la bête munie d'un objectif dépasse allègrement le 1,3 kilogramme. Si vous avez la bonne idée de lui adjoindre, soyons fous, une bague adaptatrice et un Helios 40, ne comptez pas vous balader avec un duo inférieur à 1,5 kilogramme. Oui, ce n'est pas un compact. Mais quel bonheur. Son ergonomie permet une prise en mains toute naturelle et la plupart des fonctions sont accessibles au bout de chaque doigt. Plus vous travaillerez avec, plus vous serez rapide et efficace. Et nous ne le répéterons jamais assez, son électronique embarquée et sa robustesse n'ont d'égal que sa fragilité lorsqu'il est abandonné dans un tiroir ou pire, dans une boîte au grenier. Ou plus pire que pire, dans une boîte à la cave. Courrez le chercher et croisez les doigts pour qu'il fonctionne, car s'il est peu ou pas utilisé pendant des années et qu'il est mal stocké, vous avez toutes les (mal)chances pour qu'il tombe en panne et qu'il soit assez compliqué, compte tenu de la rareté des pièces et du savoir-faire technique – j'en profite pour saluer ici, chaleureusement et respectueusement, Alain Pettman de SPIP Photo à Phalsbourg – de le remettre en route et de l'exploiter au meilleur de ses possibilités.


Le combo du jour, me direz-vous. J'y viens. Il est vrai que le T90 accepte toutes les optiques Canon FD, manuelles et relativement peu chères sur le marché de l'occasion. Mais, autant que faire se peut, pourquoi ne pas lui adjoindre l'une des plus belles optiques du parc FD ? En mode, « on sort ce soir chérie ? », dit le boîtier au caillou. Mon choix s'est porté pour écrire ce papier sur le fameux Canon new FD 85mm f/1.2 L. Objectif qualifié par à peu près tous les superlatifs sur la toile, son petit liseré rouge n'a d'égal que sa puissance optique. Et son prix, naturellement. Mais enfin. Ne se doit-on pas d'associer ces deux légendes pour en tirer le meilleur portrait en argentique ?




Feuillage agité par le vent d'hiver



Vous le savez, le terrain de jeu préféré du 85mm, c'est bien le portrait. Tout petit téléobjectif, le 85 millimètres permet, grâce à sa formule optique très aboutie, non seulement de produire des images de haute qualité mais aussi de garder une certaine distance avec son sujet pour, tout à la fois, en rester proche sans être sur son nez. Bien que lui préférant le 50 millimètres, y compris pour les portraits, je suis totalement séduit par le piqué de cet objectif, lequel n'est ni clinique comme les objectifs actuels, ni rugueux comme d'autres optiques concurrentes et qui offre, et c'est peu de le dire, un bokeh d'une douceur incomparable.Quant à l'ouverture, 1.2, nul doute que les flous de bougé ou les sujets hors point seront au rendez-vous pour les plus aventuriers d'entre nous. Néanmoins, avec un bon trépied et un déclencheur souple, pour peu que votre modèle pratique l'apnée quelques instants et sache se figer à la manière d'un monolithe minéral, quasiment aucune situation lumineuse ne saurait vous échapper pour immortaliser un moment, un style, une vision.


Oui, cet objectif est puissant et doux et à la fois. C'est un bonheur d'avoir dans l’œilleton du T90 un aperçu très fidèle du rendu final – ah, j'avais oublié de vous dire que la visée est tout simplement sublime par sa luminosité et sa précision, ce qui ne gâche rien.


Si vous aimez le portrait ou que vous souhaitez tout simplement vous glisser dans la peau d'un photographe professionnel du milieu des années 1980, ce combo est fait pour vous. Et si vous avez la chance de réunir ces deux pièces et de les pendre à votre cou, profitez-en. Chaque jour. Elles aiment travailler.


Voici, pour terminer, quelques clichés réalisés avec ce combo T90 – FD 85mm 1.2 L. Le film utilisé est un AGFA APX 100 NEW, poussé à 200 ASA, révélé avec le fameux Fomadon R09 (formule proche de l'AGFA Rodinal). La numérisation est réalisée avec le scanner du Labo Noir et Blanc, un Imagus 1500 PRO. Les images ne sont pas retouchées (seules quelques poussières ont été retirées).


A bientôt.


Victor, Le Labo Noir et Blanc.



Un arbuste hiberne tandis que le feuillage s'offre en bokeh




Le chronomètre Junghans du Labo Noir et Blanc




Portrait d'un Lomo LC-A avec le combo du jour.

Ce compact fera sans doute l'objet d'un article sur ce blog dans quelque temps






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